Grotte des Canalettes, Villefranche-de-Conflent (66)
La grotte des Canalettes est située à Villefranche-de-Conflent.
La découverte
A VOIR : L’accès par un joli chemin pédagogique ombragé avec vue sur la vallée et le Canigou
A SAVOIR : Le chemin longe un ancien canal d’irrigation ; c’est ce système de canaux appelés « Rech » et « Corech » qui a permis de mettre en valeur la pleine du Roussillon
A RETENIR : Dans tout aménagement, il faut concilier le côté pratique, la sécurité et la pédagogie
Avant d’être explorée, une grotte doit être repérée. Dans le cas de Lascaux par exemple, on sait qu’elle fut découverte le 12 septembre 1940 par quatre jeunes gens partis à la recherche d’un chien disparu. C’est entre les racines d’un arbre qu’ils aperçurent l’entrée. D’autres cavités ne sont connues parfois que de quelques personnes à qui elles ont servi de cachette, de refuge ou de repaire et qui se sont bien gardées de révéler leur secret. Dans le cas du réseau de Fuilla, dont font partie les Canalettes, on pense que s’il n’a été exploré qu’à partir des années cinquante, son existence était connue depuis bien longtemps. En effet, une des entrés se trouve à proximité d’un canal « rech », un canal d’irrigation typique de la région, et ces « rechs », étant entretenus régulièrement, il est facile d’imaginer que l’entrée du gouffre à bien dû intriguer… mais de là à y pénétrer… Les équipements n’étaient pas très au point et on se méfiait beaucoup du mystérieux monde souterrain.
La grotte est nouvellement aménagée et dotée d’un éclairage électronique, qui lui fait mériter le nom de grotte étincelante.
L'entrée
A VOIR : L’escalier qui permet d’atteindre la partie aménagée et l’ancien puits des spéléologues
A SAVOIR : Pour les spécialistes, cette première partie est dite « facile » étant donné sa proximité avec l’extérieur
A RETENIR : L’aménagement d’une grotte commence par l’extérieur et, dans ce cas, il a fallu d’énormes travaux de déblaiement
L’entrée des Canalettes a été aménagée pour les visiteurs, mais en observant le puits, on imagine le courage nécessaire à son exploration. C’est le spéléo-club de Prades, très actif dans les années cinquante, qui a le premier entrepris de visiter ce réseau au prix de grandes difficultés et avec des moyens de fortune, échelles et simples cordes. Depuis, le matériel a beaucoup évolué en s’inspirant des techniques de l’alpinisme. Pour vaincre les puits les plus profonds (le plus profond est au Mexique et s’enfonce à 410 mètres sous terre), on n’utilise toujours que des cordes, mais des cordes de nylon sur lesquelles viennent s’adapter des « descendeurs » qui permettent de descendre en contrôlant sa vitesse, ou des « bloqueurs » qui à l’inverse permettent de monter, mais, comme leur nom l’indique, bloquent à la descente. Les spéléologues d’aujourd’hui y ont gagné en sécurité et aussi en rapidité, divisant en trois le temps nécessaire à l’exploration. À mi-chemin de l’escalier, à noter sur la droite, l’échelle qui sort d’un puits. Elle permet avec beaucoup de difficultés d’atteindre à cinquante mètres de profondeur la rivière souterraine. Cette rivière se forme grâce aux infiltrations des deux cours d’eau, la Têt et le Cady, qui circulent de part et d’autre de la montagne.
Géologie
A VOIR : Les différentes couleurs des concrétions et les fistuleuses
A SAVOIR : Les petites boules terminées par un macaroni sont une variété de fistuleuses
A RETENIR : Ce type de concrétions se trouve toujours à l’entrée des grottes, là où l’air se renouvelle plus facilement
Nous l’avons vu, la géologie est indissociable de la visite des grottes, puisque nous sommes au cœur de ce que le monde minéral peut nous offrir de plus beau. Par contraste avec les Grandes Canalettes, les Canalettes présentent une grande diversité de couleurs. La calcite pure est d’une extrême blancheur. Si l’eau chargée de carbonate qui forme les concrétions traverse d’autres minéraux, elle s’en charge, les mélange, les transporte et les dépose également. Les couleurs variées des concrétions que nous pouvons voir sont les résultats de ces mélanges. Avec du fer, stalagmites, stalactites et drapés prennent des nuances du rose saumon au brun foncé, normal, pensez au fer rouillé. Quant aux jolis tons de gris, ils sont dus à la présence de manganèse. Ici, les formes des concrétions sont aussi très variées. On remarque notamment des fistuleuses, une sorte de stalactites dont les pointes prennent les formes très régulières de petits tubes, ce qui leur vaut le nom très illustré de macaronis.
Le passage étroit
A VOIR : Le passage étroit et la tour à l’envers
A SAVOIR : Les stalactites qui entourent la tour à l’envers se rejoindront sans doute un jour, mais une vie humaine est bien trop courte pour observer ce phénomène, sachant qu’une stalactite, en temps de pluie abondante non-stop, il lui faut 100 ans pour grandir d’un seul centimètre !!
A RETENIR : Une grotte où l’eau circule encore est une grotte dite vivante
Le passage étroit donne vraiment l’impression de pénétrer au cœur de la Terre : nous frôlons les concrétions. Remarquez la tour à l’envers, stalactite de belle taille, elle a été sélectionnée par un phénomène inconnu. Notez les sept stalactites qui l’entourent et convergent toutes vers le centre. Nous sommes ici dans une grotte vivante : l’eau y pénètre encore, les concrétions y évoluent toujours, les murs scintillent. Une cavité sèche ne se modifie plus, on parle alors de grotte fossile. Continuons notre promenade. Le passage suivant est très différent puisqu’une épaisse couche d’argile imperméable empêche l’infiltration de l’eau. On n’y trouve donc pas de concrétions. Un peu plus loin, la paroi de marbre rose a gardé les traces des lits successifs de la rivière et des galets de granit qu’elle charriait. Ici, rien n’est monotone. À chaque instant, le paysage souterrain se transforme et nous offre de nouvelles visions.
La salle principale
A VOIR : La table, le rhinocéros, les citrons, les grandes draperies, les excentriques
A SAVOIR : La table qui mesure 2 mètres 20 de diamètre est unique en France
A RETENIR : La calcite peut aussi se déposer sur de l’eau, on l’appelle alors calcite flottante
Au sortir de la dernière galerie, nous voici dans la salle principale où tout est différent. D’un côté, des coulées importantes et régulières font penser aux grandes orgues d’une église, de l’autre, nous pouvons admirer de magnifiques de draperies fines au point d’être translucides. Au fond de la salle, les deux merveilles des Canalettes : la table et les grandes draperies. La table mesure 2 mètres 20 de diamètre, c’est un énorme bloc de calcite flottante. Nous savons ce qui se passe lorsqu’une goutte d’eau ruisselle sur une stalagmite, mais qu’arrive-t-il si cette même goutte d’eau tombe sur … de l’eau ? La calcite dont elle est chargée se dépose en surface comme une fine couche de poussière. On l’appelle calcite flottante. Petit à petit, elle s’amalgame, et devenue trop lourde elle tombe au fond du bassin. Sur les bords, l’accumulation se fait aussi, petit à petit les fleurs de calcite se soudent entre elles et finissent par emplir tout le bassin, l’eau d’infiltration continue à couler, et, en ruisselant sur les bords, finit par former les plis de la nappe qui recouvre la table. De l’autre côté, face à la table, d’autres draperies se sont formées autour de ce qui ressemble à un disque, perpendiculaire à la paroi. Sans doute pendant un épisode très humide de la grotte, l’eau cette fois a jailli sous pression et a déposé son calcaire en tournant. Elle a ensuite perdu de sa force et s’est mise à ruisseler perpendiculairement ; Ce genre de disque, appelé table, se forme souvent au plafond et fini par tomber en général entraîné par son propre poids. Il en existe également un bel exemple dans les Grandes Canalettes.
Au fil de l'eau
A VOIR : Les hérissons et la massue
A SAVOIR : Nous sommes au plus profond de la partie aménagée, à plus de 20 mètres en dessous de l’entrée naturelle
A RETENIR : La grotte subit l’influence des conditions extérieures
L’eau, sous toutes ses formes, joue un rôle primordial dans les grottes. La même rivière qui ici creuse une galerie en se frayant un chemin dans les parties tendres de la roche ira déposer plus loin son butin de sable et de gravier. Elle peut d’un côté agrandir la galerie et de l’autre la remplir, jusqu’à en obstruer certains passages. Il arrive parfois même qu’un cours d’eau provoque un effondrement qui condamne un passage à tout jamais. Tel est le travail de l’eau vive. Le travail de l’eau d’infiltration dont nous avons pu admirer les résultats tout au long de cette balade sous terre, on le voit est encore époustouflant. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises, ni la nature à cout d’imagination : n’oublions pas que la grotte est soumise aux variations extérieurs. Une grotte raconte ses périodes de sécheresse ou au contraire d’humidité. Que se passe-t-il s’il pleut si fort que l’eau éclabousse les stalactites ? Elles deviennent alors rugueuses, hérissées de cristaux et prennent alors le nom de hérissons, il y en a un exemple dans la salle des Quatre Colonnes. Nous sommes au plus profond de la grotte, à plus de 20 mètres sous terre. Au retour, prenez le temps de vous arrêter près du lac en miniature pour en observer les reflets. La voute s’y admire dans un angle différent. Cette sorte de bassin, un gour, s’est formé grâce au sable et aux galets laissés par la rivière et qui sont recouverts d’un manteau de calcaire. En retournant vers la lumière, savourez le calme de ce lieu de patience infinie où le temps se mesure en siècles et en dizaines de siècle : le monde souterrain.
TEXTE TIRES DU GUIDE DES TROIS GROTTES
La table de la grotte
Les tourbillons sur le mur de la grotte prouvant l'activité et les tourbillons de la rivière
Au bout de ce trou, l'entrée naturelle de la grotte !!
Le rhinocéros
La grotte des Canalettes vue de différentes manières grâce aux jeux de lumière
D'autres couleurs
Biche qui saute derrière un palmier (ce sont des excentriques)