Les 3 grottes, Villefranche-de-Conflent (66)
Informations générales relatives aux trois grottes issues du guide de visite.
Histoire de temps
"Celui qui entre dans la grotte, quand il en ressort, connaît les secrets du monde caché..."
Entrez, entrez donc dans cet univers où le soleil ne pénètre jamais, où il ne fait jamais nuit puisque le jour n'existe pas. Entrez, entrez, n'ayez pas peur... Pour tout vous dire, ici, le temps n'a pas le même valeur, il ne se compte ni en heures, ni en semaine ni même en années... Petit résumé : nos ancêtres les premiers hommes sont arrivés sur Terre il y a 2,5 millions d'années... La Terre s'est formée à peu près en même temps que le soleil et les autres planètes, il y a un peu plus de 4,5 milliards d'années. Entre les deux, mais plus près de nous, la vie apparaît dans les océans, il y a 570 millions d'années. Dans la région des Pyrénées, on trouve beaucoup de sédiments calcaires, une roche d'origine biogénique, c'est-à-dire constituée en majeure partie par des squelettes d'animaux comme des coraux, du bois et des feuillages fossilisés. Ces sédiments se sont déposés il y a un peu moins de 400 millions d'années. Nos grottes sont bien plus jeunes. Elles ont été creusées il y a 5 millions d'années, une fraction de secondes à l'échelle de l'univers... Les cavit"s peuvent avoir plusieurs origines : elles peuvent avoir été formées à la suite d'un éboulement, par l'action du gel, par une cassure dans les roches, mais les plus belles et les plus nombreuses sont, comme c'est le cas ici, creusées par l'eau dans des roches solubles, principalement du calcaire. On parle alors de cavités karstiques, du Karst, une région de Sloovénie. La formation des grottes est le résultat la plupart du temps de travail chimique des eaux de pluie chargées de gaz ncarbonique qui s'infiltrent. Elles creusent ainsi des conduits qui s'élargissent et deviennent des galeries. En creusant, elles entraînent le carbonate de calcium qu'elles produisent avant de le redéposer plus bas, en se libérant par la même occasion du gaz carbonique qu'elle contient. C'est ainsi que, sur des milliers d'années, se forment les concrétions que nous allons aujourd'hui admirer. Attention, elles sont très fragiles ! Un seul geste peut les déteriorer ! Ne les touchez pas (des traces noires apparaîssent avec la transpiration au contact de vos mains !), ne les brisez pas, respectez leur beauté et leur rareté ! Je tiens à rajouter, ce qui n'est pas inscrit dans le guide mais qui est inscrit à l'entrée des grottes, que casser une stalactite pour l'emporter en souvenir est un vol passible d'amende !! Merci de respecter cette beauté naturelle afin de la préserver... Elle sont là pour le plaisir de tous !
Spéléologie
Comme il est facile pour nous aujourd'hui de pénétrer dans les profondeurs de la Terre grâce aux aménagement mis en place dans nos grottes. Il n'en a pas été toujours ainsi... "Il nous avait fallu ramper pendant plus d'une heure dans un étroit boyau tortueux et bas, où les chatières de sable alternaient avec des épisodes à genoux sur les lames tranchantes des micro gours (petits bassins, voir photos dans l'article Cova Bastera ou Grotte des Canalettes) de calcites. Après une invraisemblable étroiture dans laquelle il fallait plonger verticalement, retrouver ses pieds au niveau de ses yeux et dans un dernier souffle écraser sa cage thoracique, on pénétrait dans la salle..." Ces lignes, extraites de la découverte de Réseau de Fuilla par Henry Salvayre donnent une bonne idée des difficultés que doivent vaincre les spéléologues pour explorer les réseaux souterrains. De nos jours, cette activité présente encore beaucoup de dangers, même pour les dangers chevronnés. La sécurité impose un minimum de trois personnes expérimentées pour cinq débutants. Il faut s'informer précisément avant de pénétrer dans une cavité, puits, risque de crues, éboulements possibles, et tenir compte de la situationmétéorologique : fontes des neiges ou risques d'orages sont à prendre en considération. Enfin, il faut être en bonne forme physique et très bien équipé. Les spéléologues ne gardent pas en général pour eux seuls le résultat de leurs explorations. Ils communiquent avec les autres scientifiques, qu'ils soient géographes, géologues, zoologues ou préhistoriens car ils font des découvertes et des observations parfois exceptionnelles sur ce monde mal connu qu'est le monde souterrain. Il peuvent guider des spécialistes à la recherche de nouveaux minerais, de nouvelles espèces animales ou de traces d'hommes préhistoriques. Souvent, une grotte doit être aménagée pour pouvoir être étudiée. Là aussi, les spéléologues, par leurs connaîssances du milieu et leurs conseils, ont très grand rôle à jouer. La récompense de tant d'efforts et de dangers surmontés, outre toutes les nouvelles connaîssances qu'ils nous amènent, c'est la beauté et la magie qui se dégagent de ce monde si particulier. Pour s'en faire une idée, les Grandes Canalettes sont aujourd'hui accessibles à tous grâce aux inventeurs Henri Salvayrfe et Edmond Delonca. Alors ne boudez pas votre plaisir et découvrez à votre tour un univers qui renferme des merveilles qui ne se trouvent nulle part ailleurs...
Contes et légendes
Reste-t-il au fond de notre inconscient quelques-unes des peurs qui retenaient nos ancêtres ? Lucifer et son enfer est-il toujours sous terre, en compagnie d'Hadès, autre roi ndes lieux et de son chien à trois têtes, avec Vulcain, dieu des Forgerons et tout un peuple de gnomes malfaisants ? Comme Orphée sommes nous condamnés à ne plus revoir la lumière une fois les portes du monde souterrain franchies ? Il est certain que si les hommes aiment le sommet des montagnes pour rendre hommage aux dieux, les sorciers et chamanes se réservaient les entrailles de la terre pour y célébrer des rites bien plus secrets. C'est dans ces matrices, à l'image du ventre de la déesse-mère, que l'on a retrouvé les images des cultes de nos ancêtres de la préhistoire, leurs chapelles à eux étaient creusées par la nature, et ce n'est pas un hasard si les premiers chrétiens se retrouvaient dans la catacombes, image artificielle du même monde. On dit que c'est la même idée qui a inspiré une de ces particularités architecturales aux pays catalans : les voûtes basses et larges susceptibles d'abriter le plus grand nombre, comme une nostalgie de la grotte et de la pureté montagnarde des origines. Du côté des philosophes, comment ne pas évoquer Platon et cette vision de la vie comme un reflet du réel inaccessible à notre pauvre esprit. Nous sommes dans une grotte, dans notre dos un feu projette des ombres sur les parois et ce que nous tenons pour vrai n'est que reflet. Quant aux contes populaires, ce qu'ils nous racontent est bien différent. Dans toutes les cultures, l'histoire suivante revient : un jeune homme, souvent un chasseur, pénètre dans une infractuosité de rocher à la suite du gibier. En cherchant dans le labyrinthe, où, en fait, il y pénètre, il va surmonter plusieurs épreuves et faire des rencontres. Il débouche en général dans un autre monde plus parfait que le nôtre, qu'il quittera pourtant pour rejoindre les siens, les bras chargés de trésors. Et là, si la trame connaît quelques variantes, la chute est toujours la même : son village n'existe plus, les être qu'il aimait, sa famille, tout a disparu. Plusieurs siècles ont passé dans ce qui ne lui a semblé que quelques jours. Ayant perdu toute notion du temps dans la grotte, le voici condamné à l'amnésie et à la jeunesse éternelle... Vous conviendrez comme moi qu'après tout il est des punitions bien pires que celle là !
Les animaux cavernicoles
S'il est ungroupe d'animaux mal connus et mal-aimés, ce sont bien les cavernicoles. Il faut ajouter qu'il est bien difficile de les étudier étant donné leur goût pronocé pour le secret ! Qui comme eux peut vivre dans le noir et pratiquement sans manger ? Les conditions extrêmes ne leur font pas peur... Prenez les plus petits, par exemple, on les appelle justement bdes extrêmophiles, ce sont des bactéries. Certaines d'entre elles n'aiment que l'hydrogène sulfureux qui s'échapent des grandes pronfondeurs des entrailles de la terre. Les scientifiques découvrent régulièrement de nouvelles espèces d'extrêmophiles et commencent même à les tester pour voir si on pourrait les maladies comme le cancer ou la malaria. Pour l'instant, les résultats de ces expériences sont prometteurs... À l'autre bout de la chaîne, parmi les plus gros cavernicoles on trouve un mammifère, la chauve-souris, bien connue des spéléologues. Première carctéristique, c'est un mammifère volant, et qui vole avec... ses mains ! En effet, ce sont des doigts qui sont reliés à une membrane. Les chauves-souris se dirigent facilement dans l'obscurité grâce à leur sonar, une sorte de radar qui marche aux ultrasons. Autre fait remarquable, les chauve-souris s'accouplent à l'automne mais la fécondation n'a lieu qu'au printemps, la semence du mâle gardant sont pouvoir fécondant pendant tout ce temps ! Du coup, le moment venu, les petits naissent tous en même temps. Dernière raison afin d'aimer et de protéger les chauves-souris : vous n'aimez pas les moustiques ? Elles si ! Elles en mangent environ 1000 par nuit en saison !
Sa majesté le calcaire
Non seulement il se plie à toutes les formes, hérissons, draperies, excentriques, draperies, aiguilles, disques, piliers mais encore il est partout autour de nous et... en nous. Qu'est-ce que le calcium dont sont faits nos os si ce n'est une forme très raffinée de calcaire ? Il peut être très dur ou très tendre, du marbre à la craie. Il est exploité depuis la nuit des temps, et depuis l'Antiquité on extrait le marbre. Le calcaire sert à tout... ou preque : il y en a dans le dentifrice, les dalles de PVC, les mastics, la peinture, les colles, il y en a même dans le papier. On en utilise pour l'acier, le verre sous forme de silice, en céramique ; pour fabriquer du sucre ou de la soude. Pas de calcaire, pas de ciment, sans parler de la chaux, un dérivé obtenu par calcination dans des fours, une technique que nos ancêtres maniaient très bien et depuis longtemps. Hormis la construction, la chaux est utilisée pour assainir l'eau que nous buvons. Bref, le calcaire est devenu un matériau indispensable à notre mode de vie. Raison de plus de l'admirer dans les grottes, dans son plus bel écrin et dans tous ces états... naturels.
Un abri naturel
On pourrait s'amuser à classer les grottes en deux types : les sauvages et les habitées. Qu'il s'agisse des Trabucayres, les célèbres brigands catalans du XIXème siècle ou des cathares, que ce soit dans les Gorges de la Fou (66) ou dans les spouglas, les grottes aménagées de Bouans (09), tous ont su profiter de ces abris que la nature leur offrait. Ailleurs, près de Saumur, en pays de Loire, la nature de la roche, du tuffeau tendre, s'y prêtant les habitants ont depuis le Moyen-Âge l'habitude de creuser leur demeure en argandissant souvent une cavité naturelle déjà formée par le ruissellement de l'eau. Bien avant, à la Préhistoire, nos ancêtres qui avaient déjà le sens du confort choisissaient avec soin les cavernes qu'ils allaient habiter. Cette occupation n'était parfois que temporaire, saisonnière même, mais la configuration était partout semblable : une entrée de préférence difficile d'accès, à l'abri des vents et tournée vers le soleil. Certaines cavités ont été occupées, comme la Caune de l'Arago près de Tautavel (66), tour à tour par les hommes et les animaux. Dans les Grandes Canalettes, on n'a pas retrouvé de trace d'occupation humaine, mais il est sûr qu'au moins un ours de belle taille y a séjourné puisque l'empreinte de ses griffes puissantes a marqué la roche tendre. La Cova Bastera a en revanche pratiquement toujours été utilisée par l'homme.
Villefranche-de-Conflent et sur la gauche, un store rose bordeaux qui est l'entrée de la Cova Bastera
Chemin d'accès aux Canalettes